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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 18:27

Est-ce que les Sommets déterminent et précisent la politique internationale ? Elles constituent certes, désormais un élément important de la vie diplomatique et offrent aux chefs d'Etat des opportunités pour faire connaitre leurs points de vue et rapprocher leurs visions. Mais  les discours privilégient, bien souvent, le "politiquement correct" et les envolées oratoires, en faveur des principes, que la gestion transgresse volontiers. Comment dégager le non-dit, dans les réunions publiques et les rencontres entre les partenaires, au-delà du rituel, qui exprime la concorde ?  Comment lire le silence qui peut traduire des réserves, des différences d'appréciations, sinon des oppositions idéologiques ?

Le Sommet de La Mecque (14 et 15 août 2012) de l'Organisation de la Coopération Islamique devait redynamiser et réactualiser la solidarité entre les pays musulmans dans les domaines économique, politique et social. Bien entendu, il devait examiner le conflit syrien, qui constituait la question de l'heure. La participation fut modeste par rapport à la gravité des enjeux.  Tenu en l'absence de la Syrie, il réunit une quarantaine de chefs d'État de pays arabes, africains et asiatiques, membres de l'OCI qui en compte 57. Ultime décision, le sommet adopta une recommandation des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) portant sur la suspension de la Syrie de ce forum. Cette mesure symbolique qui accentue l'isolement du régime de Damas, n'évoque point une stratégie de sortie de crise. Le pouvoir saoudien semble  accorder la priorité au traitement de la question des relations conflictuelles entre les sunnites et les chiites, surdimensionnée, selon certains, pour occulter le différend géopolitique dominant. Ce qui explique, l'appel du roi saoudien, lors de la séance d'ouverture, à la création à Riyad d'un "centre de dialogue interconfessionnel entre les musulmans".

.Identifiant un nouveau processus d'études des relations internationales, Abdelbari Atouane fait valoir, comme ultime test révélateur les accolades :

“Une première accolade chaude et enflammée, entre le souverain saoudien Abdallah et Ahmedinejad, le dernier invité du Sommet… La deuxième  accolade entre le Président égyptien, Morsi et Ahmedinejad, première poignée de main, sinon une accolade entre  les leaders des deux pays, depuis une quarantaine d'années, plus exactement depuis l'accord de Cam David” (éditorial d'al-Quds, 15 août 2012).

Est-ce à dire que l'entente semble prévaloir désormais entre les deux camps, opposés sur la question syrienne, que le roi saoudien et le Président iranien se sont abstenus de signaler, lors de leurs discours ? Fait significatif, le journaliste met en relation l'accolade entre les chefs d'Etats saoudien et iranien, avec une certaine occultation saoudienne de l'Egypte (titre de l'éditorial). Le Sommet montre des velléités de rapprochement. Mais est-ce que "la vitrine de l'entente" peut transgresser l'opposition underground, alimentée d'ailleurs par les réseaux d'alliances?

Le Sommet des pays non-alignés (Téhéran 30 -31 août 2012), - une gageure iranienne, pour sortir de isolement-, dut enregistrer la démarcation géopolitique de l'aire, illustrée par les positions différentielles sur la question syrienne.  Mutation du tiers-mondisme dans la nouvelle conjoncture, le Sommet de Téhéran réunit, dans une coexistence laborieuse, des "non-alignés", proches des positions occidentales et d'autres proches des options russo-chinoises. Soucieuse de restaurer son statut de puissance régionale, l'Egypte tente d'appliquer sa proposition, présentée lors du Congrès de la Mecque, d'une commission quadripartite sur la Syrie, formée par l'Arabie Saoudite, la Turquie, l'Iran et l'Egypte. Est-ce que cette construction diplomatique est en mesure d'arrêter la montée des périls en Syrie ? Guerre civile, jeu de poker entre des acteurs internes et étrangers, le conflit syrien est désormais hors de contrôle. La guerre d'usure et d'extermination de tout un peuple, épris de liberté, ne peut être arrêtée par une telle initiative. Le Président Morsi lui-même en a pris acte, puisqu'il affirma, lors de son discours au Sommet de Téhéran, le 30 août 2012, que seule une "intervention efficace" extérieure permettra de mettre un terme au bain de sang en Syrie. Ce qui met en échec toutes perspectives de paix et de réconciliation dans l'aire arabe et redimensionne  les puissances régionales appelées par l'Egypte à traiter la question conflictuelle.

Le rapprochement égypto-iranien célébré lors du Sommet de Téhéran, semble répondre aux attentes des deux partenaires. L'Iran souhaite faire valoir l'Egypte, aux dépens des jeux de rôles des pays du Golfe alors que l'Egypte nouvelle souhaite  affirmer une certaine autonomie des Etats-Unis. Mais la donne économique redimensionne ses ambitions et met à l'ordre du jour le nécessaire besoin d'une aide extérieure. De ce fait, l'Egypte peut difficilement changer de statut au sein de la carte géopolitique du Moyen-Orient.

 

Pr. Khalifa Chater

in l'Economiste maghrébin, n° 585, du 5 au 19 septembre 2012.

 

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commentaires

P
<br /> <br /> <br /> <br /> C'est un article à lire avec attention,car le sujet concerne tout le monde et vous avez bien su le présenter,félicitaion pour le choix des expressions et je vous encourage pour continuer<br /> dans ce niveau !! merci.<br /> <br /> <br /> <br />
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