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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 10:23

"Il n’existe pas de guerre de nécessité. Toutes les guerres sont des guerres de choix" (Colin Powell, Paris Match, 23 -30 décembre 2009).

 

Le contentieux entre l’Occident et l’Iran, devient un sujet préoccupant. Il donne lieu à une agitation diplomatique, suscite des surenchères et annonce une montée des périls. Les nouvelles prises de position des partenaires, la fermeture de la porte demi-ouverte de la négociation, les menaces de "sanctions fortes", proposées par la France et les Etats-Unis et la diplomatie démonstrative de Téhéran mettent à l’ordre du jour l’escalade. Une réflexion objective, permettrait cependant de redimensionner la crise, de lui restituer ses justes dimensions, de dégager la graine de l’ivraie. De part et d’autre, les acteurs s’adressaient, en priorité, à leurs opinions publiques. Les politiciens occidentaux réalisent, en effet, qu’une intervention contre l’Iran, bouleverserait la région, déstabiliserait tous ses Etats, conforterait les dérives extrémistes tous azimuts, alors qu’une déradicalisation des opinions doit être mise d’urgence à l’ordre du jour. D’autre part, la communauté internationale est encore en train de payer la facture de l’intervention contre l’Irak. La guerre a démoli l’entité irakienne, réactualisé les oppositions ethniques et religieuses d’antan et s’est métamorphosée en ingérence directe. Mais les agitations de surface des protagonistes, cultivant les dérives émotionnelles et les contentieux entre les imaginaires respectifs, d’une guerre de civilisation dégradent dangereusement la situation et risquent, par le dépassement de la pensée rationnelle de mettre à l’ordre de jour l’affrontement néfaste. La guerre n’est certes pas une nécessité. Elle ne peut être un choix rationnel. Mais nous ne pouvons occulter le risque de guerre, conforté par les alliances géopolitiques et les lobbies qui les servent.

Les états d’âme de l’ordre nucléaire : Au cours de l’ère bipolaire, les Etats-Unis et l’URSS qui ont bâti un ordre nucléaire, ont œuvré pour s’en assurer le monopole. Moscou a dénoncé, en 1959, sa coopération nucléaire avec Pékin. Le nucléaire français a suscité, sous la Présidence du Général de Gaulle, un différend franco-américain. D’ailleurs, le traité de non-prolifération (1960) a pour objectif d’interdire l’élargissement du club des puissances nucléaires. Mais la réalité a montré cependant que les puissances nucléaires ont assuré l’élargissement du club, à leurs amis privilégiés. Qu’il nous suffise de rappeler la réalisation du nucléaire israélien, par le soutien du gouvernement français, suite au rapprochement mis en œuvre lors de l’agression tripartite contre l’Egypte. Accédant au pouvoir, le général de Gaulle a remis les pendules à l’heure et a assuré un retour aux normes.

Nous remarquerons, dans cet ordre d’idée, que toute acquisition de l’arme nucléaire a suscité un tollé général, des campagnes de presse, à l’exception du nucléaire israélien, qui a bénéficié d’un ménagement significatif.

Etat de la situation : La communauté internationale s’est accommodée, jusqu’à présent de l’asymétrie nucléaire qui jouait en faveur des détenteurs de l’atome militaire. Son usage comme arme de dissuasion est plutôt exprimé comme menace possible, sans application effective, à l’exception du bombardement de Hiroshima et de Nagasaki, par les USA. D’ailleurs, ce recours au nucléaire, en 1945, n’a pas créé mais "consolidé et même rigidifier" l’ordre géopolitique issu du second conflit mondial (Pierre Lelouche, le nouveau monde, 1992). Il ne confère pas mais confirme le statut de puissance, attesté par l’évolution effective des rapports de forces. Au Moyen-Orient, le statut de puissance régionale de l’Iran ne peut être établi ou remis en question par sa détention ou non de l’arme nucléaire.

Prenons en compte d’autre part, les limites sinon l’impossibilité de recours à cette arme, de peur de représailles auto-destructives, explicitées par les experts de la question :

"La sanctuarisation agressive, c’est-à-dire la manœuvre régionale conquérante d’un Etat adossé à l’impunité que procure l’arme nucléaire demeure, dans l’état actuel du système international interétatique, difficile à concevoir et à mener" (Dominique David, Sécurité : l’après-New-York, 2002).

Or, si l’on remet dans le contexte des discours de surenchères, les envolées lyriques iraniennes, seul l’Etat d’Israël a manifesté, dans les faits, une "manœuvre régionale conquérante", illustrée récemment par la guerre contre Gaza. D’ailleurs la puissance différentielle des puissances nucléaires occidentales permet de redimensionner la soi-disant menace du nucléaire militaire iranien, qui n’est qu’une possible éventualité lointaine. D’autre part, vu l’émergence des menaces asymétriques, "le problème principal, pour demain, que pose la diffusion des matériaux et technologies nucléaires n’est pas vraisemblablement celui de la prolifération des acteurs étatiques". Nous souscrivons à cette analyse pertinente de Dominique David.

 Fallait-il alors, susciter une nouvelle guerre, susceptible d’ébranler le Moyen-Orient, de provoquer la colère des opinions arabes et de stimuler les acteurs de dérives non étatiques ? D’autre part, une agression contre l’Iran, bloquerait la dynamique interne, par le ralliement de tous à la défense de la patrie en danger, à l’instar de ce qui s’est produit lorsque l’Irak a engagé la guerre contre l’Iran. D’ailleurs, la Secrétaire d’Etat Hilary Clinton a sûrement réalisé au cours de sa tournée, cette semaine, au Golfe, pour des concertations sur le conflit, les difficultés d’engagement des pays du Golfe, quelques soient leurs positionnements géopolitiques, dans une telle aventure qui mécontenterait leurs opinions publiques. La guerre les soumettrait à rude épreuve et risquerait de les impliquer, malgré eux. Acteur désormais important sur la scène moyen-Orientale, où elle a effectué un retour décisif, la  Turquie plaide pour un règlement du dossier nucléaire iranien via le dialogue, estimant que des sanctions économiques ou une action militaire auraient des conséquences lourdes pour toute la région.  

La voix de la raison permettrait de créer un climat d’apaisement, qui doit être conforté par une dénucléarisation de l’ensemble de l’aire et un traitement rapide de la question palestinienne. L’entrée dans l’aire monde implique nécessairement d’appliquer ses valeurs et de condamner les options unilatérales. La paix doit mise à l’ordre du jour comme le postulat du référentiel de la coexistence et de la solidarité.

Pr. Khalifa Chater

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commentaires

D
<br /> <br /> Je croyais être sur un des blogs de Firouz car il a indiqué cette adresse dans le cartouche sur un de ses commentaires.<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Je suis désolée je n'avais pas vu que l'article n'était pas de vous.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Je suis d'accord avec votre analyse qui me semble différente de celle que vous avez sur mon blog.<br /> <br /> Je vais lire vos autres articles car il me manquait ces derniers temps un peu de temps.<br /> <br /> <br /> <br />
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