En ce qui concerne le processus de paix, les Etats-Unis qui s'efforcent désormais de promouvoir un dialogue direct entre Palestiniens et israéliens ( lettre d’Obama à AbouMazen, 16 juillet 2010), mobilisent leurs relations d’alliances, à cet effet. Consultée par l’autorité palestinienne, la Ligue des Etats Arabes a "donné à M. Abbas son feu vert pour passer des pourparlers indirects à des pourparlers directs", selon l’appréciation de la situation par l’autorité palestinienne (Le Caire 29 juillet).
Vietnamisation de la guerre en Afghanistan où aucune perspective de sortie de guerre n’est actuellement envisagée. Fait important, 102 députés démocrates à la Chambre des représentants ont refusé, le 27 juillet, à leur président de continuer à financer sa guerre en Afghanistan. Il a fallu le soutien de la quasi-totalité des députés républicains pour que la Chambre accepte les 33 milliards de dépenses militaires supplémentaires que lui réclamait l'Administration Obama.
Escalade en Irak. Juillet 2010 fut le mois le plus meurtrier depuis mai 2008, avec 535 morts.
Au Liban, le Sommet du roi Abdallah d'Arabie saoudite, du président syrien Bachar al-Assad et du Président libanais, le vendredi 30 juillet, pour circonscrire une éventuelle guerre civile, suite aux révélations sur une possible mise en cause du Hezbollah dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
En ce qui concerne la question palestinienne, les efforts du Président Obama sont méritoires. Ses déboires, lors de ses premières tentatives de traitement de la question palestinienne, sa résignation devant le refus israélien d’arrêter la colonisation territoriale, ont longtemps bloqué ses initiatives. Pouvait-il se désengager alors que l’impasse risque de remettre en question l’approche de son appel du Caire ou du moins de limiter son impact ? En dépit de cette situation, le Président Obama ne désespère pas. Mais quelles sont les chances de réussite de son pari ?
En ce qui concerne l’Irak et l’Afghanistan, le Président américain fait face à une situation qu’il a héritée. Le départ annoncé des troupes américaine d’Irak ne signifie pas hélas l’établissement de la paix et de la concorde entre ses habitants. Sur quelles bases faudrait-il reconstruire le consensus et instaurer “le vivre ensembles” ? Comment faire pour faire valoir la “décision des urnes”, redimensionner les conflits ethniques et/ou pseudo religieux ? La communauté internationale doit se mobiliser pour assurer la reprise du développement et de la croissance d’un Etat jadis prospère.
Pour l’Afghanistan, une révision déchirante de la politique d’intervention est envisagée par le Président Obama. La stratégie de contre-insurrection qu’il aprésentée par, lors de son discours de décembre 2009, à l'académie militaire de West Point, n’a pas donné de résultats convaincants. Le président américain qui en prend acte, doit tenir compte de “la fronde de la gauche du Parti démocrate”, qu’elle a suscitée (Renaud Girard, Le Figaro, 2 août 2010). Mais la révision stratégique est plus facile à émettre qu’à réaliser.
Au Liban, le temps a fait son œuvre. La sortie de la guerre civile a été un “miracle” de la communauté libanaise. Des observateurs pessimistes évoqueraient un “équilibre instable”. Dans cet environnement semé d’embûches, le Liban subit les effets des engagements guerriers sur son propre territoire et dans son voisinage. Il peut être à la merci des luttes entre les acteurs de la scène moyen orientale. Ce risque est, pour le moment, heureusement écarté. Une conjoncture de paix conforterait cette situation de concorde.
Que peut-on donc faire pour accélérer la réalisation des objectifs de paix et de concorde au Moyen-Orient ? Est-ce que la priorité ne consiste pas à fixer de nouvelles directions et un nouvel ordre du jour ? Nous estimons que de nouveaux engagements devront être pris et élaborés dans le cadre de nombreuses interactions dynamiques successives. Une révision de la problématique doit être mise à l’ordre du jour. Ne faut-il pas aussi tenir compte de l’évolution de la dynamique intérieure, des conséquences des sentiments de colère et de ressentiments d’une population opprimée par l’occupation et des réactions de solidarité de l’aire arabo-musulmane. Le virage stratégique de la Turquie s’inscrit, dans une large mesure, dans une prise en compte de son opinion publique. Une vision multilatérale de la géopolitique, conforme au changement du rapport de forces qui se profile au Moyen-Orient et dans le monde permettra une réflexion lucide, en vue d’instaurer le climat de paix, seule alternative aux surenchères et à la montée des extrémismes.
Pr. Khalifa Chater