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11 janvier 2006 3 11 /01 /janvier /2006 12:23

La volonté de redessiner la carte géopolitique arabe, l’escalade des événements en Iran et en Syrie attestent une montée des périls au Moyen-Orient alors que la guerre d’Irak qui se poursuit, exerce ses effets d’entraî­nements sur la région, entretenant les sentiments de colère et de ressenti­ments, légitimant la résistance nationale et confortant, hélas, les mouvements de dérives. Comment distinguer la graine de l’ivraie? Une re­lecture de l’actualité est nécessaire, pour redonner aux faits historiques leurs justes dimensions, les dégager des traitements médiatiques erronés et des discours équilibristes de certains partenaires politiques occidentaux qui veulent ménager la chèvre et le chou, pour ménager leur électorat et leurs lobbies, en laissant leurs principes aux vestiaires.

I - L’après - Sharon ou la construction d’un mythe trompeur! Le départ de Sharon des affaires a servi pour entretenir une confusion surpre­nante. Le retrait unilatéral de Gaza, qu’il a engagé, a permis à des «analys­tes de boulevards» d’occulter son passé glorieux à Sabra et Chatila, la politique coloniale qu’il a privilégié et ses faits d’armes dans la réalisation de l’expansion territoriale et le siège de Beyrouth. Il faut savoir raison gar­der, avant de construire des mythes trompeurs, qui occultent la réalité, masquent les évidences. Sharon a certes réagi par pragmatisme, en se ren­dant compte que l’option militaire était dans l’impasse, que l’opinion pu­blique dans le monde désapprouvait sa négation du fait national palestinien; mais, fut-il ébranlé par sa nouvelle appréciation de la situation, il refusa d’inscrire son programme, dans une vraie politique de dialogue, de paix et de réconciliation et de reconnaissance des partenaires. Dissipons le malentendu, en descendant lucidement Sharon de ce piédestal artificiel. Vérité première, il n’a pas les dimensions d’un Mendès-France et d’un de Gaulle. La poursuite des événements se fera selon la même logique de l’Establishment israélien, à moins qu’il n’y ait un retour de conscience fa­vorable à l’ensemble des peuples de la région. Ne soyons pas dupes.

II - Le régime syrien à l’épreuve: Le retrait syrien du Liban, favori­sé par la conjoncture internationale a été hélas entaché par l’assassinat de Hariri et ses effets complexes sur la scène syrienne. La prise de distance de l’ancien vice-président Khaddam d’un régime qu’il a longtemps servi, et par conséquent approuvé, met le régime du Ba’th syrien à rude épreuve. Cette sortie d’un navire qui prend de l’eau peut paraître intéressée. Mais son témoignage peut enrichir la connaissance de cette idéologie totalitaire, l’appareil de gouvernement qu’elle a institué, les programmes d’action qu’elle a engagés et les mécanismes de prise de décision qu’elle favorisait.

Ce concours de circonstance - simple effet d’un hasard! - sert des in­térêts désormais connus. Les Bruit de bottes qui se font entendre menacent la quiétude du citoyen syrien, en cas d’intervention étrangère. Privé de l’enjeu pétrolier, la Syrie semble pour le moment épargnée. La concerta­tion des partenaires de la région et particulièrement l’Egypte et l’Arabie Saoudite - traduisant des inquiétudes arabes bien réelles - permettent une pacifique sortie de crises.

III - Le défi iranien: L'Iran a repris mardi 10 janvier 2005 - le jours de la grande fête de l’Aïd al-Kebir, simple coïncidence? - ses activités de recherche en matière de combustible nucléaire après deux années de sus­pension. Défiant l’Etats-Unis et, dans une certaine mesure, l’Union Euro­péenne - une traversée du Rubicond! - l’Iran s’expose à sa colère et éventuellement à sa réaction militaire. Envenimant la crise avec l'Occident.

Par quoi s’explique cette affirmation de l’option nucléaire iranienne? Discours de nostalgie, volonté de faire valoir l’indépendance de sa déci­sion, souci de satisfaire une opinion publique en colère ou de dépasser la pesanteur interne? Ce défi de la conjoncture surprend.

Vu les rapports de forces, le Conseil de sécurité peut condamner l’initiative iranienne et préparer l’opinion publique pour une intervention israélienne ou américaine. Mais est-ce que l’Onu peut opter pour une in­terdiction discriminatoire de l’armement nucléaire au Moyen-Orient? Peut-elle, de surcroît, interdire à certains pays l’usage du nucléaire à des fins pacifiques?

Un monde sans nucléaire et sans armement de masse serait plus con­forme à l’éthique des Nations Unies et à la culture de la paix qu’elle tente de faire valoir. Peut-on faire ce rêve?

Khalifa Chater

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commentaires

F
J'aime beaucoup l'éthique des Nations Unis avec la Lybie, Cuba, le Zimbabwe au sein de la commission des droits de l'homme... D'autre part, le nucléaire à des fins pacifiques en Iran est-ce possible? Est-ce crédible? Surtout quand l'Iran refuse la proposition russe (enrichissement de l'uranium en Russie)... N'y a-t-il pas une facilité à toujours accuser les autres? Si le Moyen-Orient va mal, n'est-ce pas de sa faute?
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