Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 10:05

Depuis la révolution de Tunisie, le monde arabe n’est plus comme avant. La lame de fonds qui le transforme, inaugure le nouveau temps du politique. Elle met en scène les opinions comme acteurs da la reconstruction de l’espace politique. Nous ne devons pas, d’autre part,  relativiser les effets des médias dans l’ère de la communication. Les chaînes de télévisions câblées, prédominent  et assurent désormais,  leur emprise sur les leaders d’opinion et les maillons intermédiaires de la vie politique.  Or, les nouveaux acteurs et/ou les acteurs réhabilités, de l’aire arabe agissent et se déterminent, dans le cadre des paradigmes dominants et diffusés par les médias. Fussent-ils  les produits de la conjoncture,  les paradigmes et les idealtypes qu’ils diffusent, ne sont pas sans relations évidentes avec les rapports de forces, les instruments du pouvoir et leurs relais audio-visuels. Dans telles circonstances, l’information, censée être neutre et objective, diffuse  un discours politique global, qui fait valoir les options qu’il privilégie, relatives à la lecture de l’évènement, au choix d’alliances mais aussi au projet de société.

La société de la communication prend en charge le citoyen, le « sature »  d’informations et le met sous son emprise et sa tutelle. Elle impose sa lecture de l’événement et la vision globale qu’elle intègre. L’exercice lucide de la politique  doit donc, au préalable, déchiffrer les grilles de lecture, identifier les enjeux, mettre à nu les partis pris. Elle exige le décryptage des discours, en dégageant les représentations, les visions et les prises de positions, qu’il fait valoir. Produit de collectifs anonymes et impersonnels, l’imaginaire politique n’exclut pas les rôles non revendiqués, mais plutôt agissant underground, de certains pouvoirs dominants. Fait d’évidence et exemple significatif, l’information différentielle des journaux câblées arabes du Moyen-Orient : Al-Jazira, Al-Arabiya, Al-Hurra, France 24 et la BBC font valoir leurs lectures spécifiques de l’actualité : choix des événements, ordonnancement, durées du traitement, qualité des invités et commentaires conséquents. Or, la citoyenneté  implique la liberté dans le choix des critères et des priorités et l’identification des enjeux, avant la prise de décision. Ce qui implique l’adoption de processus critiques, pour assurer la désaliénation médiatique, par une réflexion élaborée.

Les traumatismes de l’aire arabe, les empiétements à sa souveraineté, les velléités de sa mise en dépendance, les graves épreuves qu’il a vécues en Palestine et en Irak  ont participé à la formation d’une «culture des sentiments». Leurs Establishments ont opté pour une politique de connivence, confortée par  une «une apologie du défaitisme». Quête d’une sortie de l’impasse, les discours nationalitaires et révolutionnaires  n’ont pas réussi à assurer la mue sollicitée, ainsi d’ailleurs que les stratégies de développement.  Ces échecs ont largement participé au développement d’un passéisme nostalgique, érigée en alternative. Et pourtant la prise en compte de la temporalité d’un glorieux passé aurait pu réconforter et légitimité la prise en compte de la dynamique de progrès par la prise en compte des exigences de la temporalité actuelle.

Le printemps arabe doit nous inciter à tourner la page du défaitisme, du désespoir, du ressentiment et de la désillusion.  L’adoption de scénarios de progrès social et de développement global érigera le citoyen arabe, en tant qu’acteur écouté sur la scène internationale pour affirmer sa volonté de défendre ses droits. Mais cette rentrée sur scène doit répondre à l’esprit du temps, pour établir la juste parité,  instituer l’égalité absolue et abolir les différences hiérarchisées d’un autre temps. L’adoption des progrès d’avant-garde contribuera à la promotion de l’aire arabe. Mais la question requiert la réhabilitation de l’intellectuel arabe, désormais libéré de son suivisme des pouvoirs locaux, régionaux ou internationaux. Il doit rapidement se mettre à l’œuvre pour ouvrir les perspectives, dégager les pesanteurs et dé-traditionnaliser nos sociétés.  Quel ambitieux programme, pour faire face aux défis de la continuité dans l’indifférence, au mieux  du ressentiment ?

K. C.

Khalifachater@ymail.com

Partager cet article
Repost0

commentaires