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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 18:36

Le sommet de la francophonie, qui s'est tenu à Dakar, le 29 et 30 novembre, avait pour ambition de redynamiser cette institution créée, dès le début des années soixante, à l'initiative de Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie), Norodom Sihanouk (Cambodge) et Hamani Diori (Niger). Ils se proposaient de regrouper les pays nouvellement indépendants, désireux de transgresser les relations du système colonial français et d'instaurer des relations fondées sur des affinités culturelles et linguistiques. La première conférence des États francophones s'est tenue en 1969. Le projet se concrétisa en 1970, par la création de l'Agence de coopération culturelle et technique, appelée depuis 1997, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Groupant les pays ayant en partage la langue française, l'institution devait développer entre eux des relations de solidarité et de coopération privilégiée. En fait, l'OIF avait beaucoup d'ambitions et peu de moyens. Elle fut considérée par l'ancienne métropole comme une organisation subsidiaire, occultant toutes velléités de co-développement. La prise en compte de l'unique dimension linguistique ne pouvait assurer le rééquilibrage entre ses membres, alors que dominaient les relations asymétriques. L'entrée de la France dans l'Union Européenne redimensionnait les relations de l'ancienne métropole avec ses anciens partenaires. Elle a réduit ses budgets de coopération culturelle, en dépit de la concurrence des autres puissances, telles les USA, l'Allemagne et la Belgique. Le Choix, en 1997, de Boutrous Boutrous Ghali, ancien Secrétaire Général de l'Onu, pour diriger l'institution, devait lui assurer une visibilité internationale, compensant la modestie de son rôle. Geste tactique de la France, le choix d'un secrétaire général, hors de la communauté francophone, mettait en cause les principes fondateurs de l'OIF, aux d, en 2003, par Abdou Diouf, l'ancien président du Sénégal, devait corriger le tir. En dépit de son audience, l'OIF ne parvint pas à aller au-delà de son statut linguistique, malgré sa participation au règlement de certains conflits africains.

Le Sommet de Dakar avait pour ambition d'élargir les compétences de l'OIF. Il mit à l'ordre du jour l'examen des stratégies économiques et fixa, à juste titre, deux priorités : la jeunesse et la cause des femmes. Qu'en est-il au juste ? Quels moyens devait-il consacrer au financement de ces deux causes ? Qu'en est-il de la politique de co-développement ? Pouvait-on ignorer les graves effets de l'épidémie de fièvre Ebola qui a fait près de 7.000 morts en Afrique de l'Ouest depuis le mois de mars ?

Le choix, par consensus, de Michaëlle Jean, une canadienne d'origine haïtienne, comme secrétaire général de l'OIF, fait valoir la prise en compte de la nécessite de faire participer la femme aux structures de prise de décision, à l'égal de l'homme. Au-delà de cet acte symbolique, il faudrait assurer des moyens importants à l'OIF, pour développer son action. Les pays du Nord : la France, le Canada et la Suisse devraient établir des relations économiques privilégiées avec les pays francophones du Sud. Ce qui exige de dépasser les relations de connivence ou de clientèle. " Enjeu pour l'expression du français, l'Afrique est continent plein de richesses et donc de potentialités de croissance" (discours du Président François Hollande, le 29 novembre). Comment matérialiser cette mobilisation commune pour l'avenir ?

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