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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 18:19

Réaliser le compromis Nord-Sud

 

Professeur Khalifa Chater

 

 

"En ce qui concerne l'Union méditerranéenne, nous la soutenons pleinement... Il semble que toutes les conditions sont maintenant réunies pour aller de l'avant" (déclaration de  José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne, Bruxelles, 2008). 

 

Enfin, le compromis réalisé entre la chancelière allemande, Angela Merkel et le Président français Nicolas Sarkozy (Hanovre, 3 mars 2008) a été ratifié par les dirigeants européens, au cours de leur dernière réunion, le 13 mars à Bruxelles. "Ce qui est important, c'est que c'est un projet européen", a souligné le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer. "Nous ne ferons pas un barbecue pour quelques Etats membres seulement[2]". L'union pour la Méditerranée a désormais pour objectif l'édification d'un partenariat entre les pays sud-méditerranéens et l'ensemble de l'Union Européenne qui doit "ouvrir une nouvelle étape de la coopération en Méditerranée, en conférant un nouvel élan au processus inauguré à Barcelone en 1995[3]". Est-ce qu'il s'agit d'une mise à jour du processus de Barcelone, d'une redynamisation des relations euro-méditerranéennes, qui se sont essoufflées avant d'atteindre leurs vitesses de croisières ou plutôt d'une opération d'accompagnement par l'identification de projets prioritaires et la mise sur pied d'équipes distinctes d'exécution ?

Dans l'état actuel des choses et en attendant la formulation de la nouvelle entité par le sommet fondateur du 13 juillet 2008, il semble prématuré de répondre à la question. Nous savons, par contre, que l'Union pour la Méditerranée sera dirigé par un président du Nord et un président du Sud et quelle sera dotée d'un secrétariat, rassemblant des fonctionnaires du Nord et du Sud et qu'elle privilégiera le travail sur projet.

Bénéficiant d'un consensus européen laborieux mais effectif, la nouvelle institution doit maintenant avoir l'aval des sud-méditerrannéens, obtenir leur ralliement. Elle est certes susceptible de rencontrer auprès d’eux, une audience favorable, dans la mesure où elle les réhabilite, comme acteurs sur la scène euro- méditerranéenne et qu'elle met à l'ordre du jour la solidarité, la coopération et, espérons le, le co-développement dans cette aire.  Mais elle doit, préalablement, les associer à la définition du projet et à l'identification de ses enjeux.

Est-ce que les projets avancés, lors des dernières assises de l’Union Européenne - la dépollution de la Méditerranée et la question de l'énergie - présentés hâtivement comme similaires aux projets fondateurs de l'Union Européenne du charbon et de l'acier -  sont considérés comme prioritaires par les Sud-méditerranéens ? Nous ne contestons, certes pas, la gravité de la pollution de notre mer commune, ses effets néfastes sur les ressources maritimes et les moyens d’existence des pêcheurs et nous n’occultons pas le problème du réchauffement de ses eaux par les centrales thermiques. D’autre part, la question énergétique conditionne l’avenir commun. Mais les populations méditerranéennes, du Nord et du Sud ont des espoirs immédiats, qui concernent la vie solidaire et impliquent la mise sur pied des projets globaux, mis en œuvre par des stratégies concertées.

Le pilotage commun doit permettre la participation de tous à la définition des objectifs et à l'identification des projets de lancement. Il doit prendre en ligne de compte les attentes de tous les partenaires. Oeuvrer pour la réalisation d'un compromis Nord-Sud doit être désormais l'ordre du jour des auteurs de l'UPM, condition Sine qua none, de la réussite  de ce projet prometteur.

 

Khalifa Chater

14 mars 2008



[1] - Déclaration lors des assises de l'Union Européenne, le 13 mars, à Bruxelles.

[2] -  Déclaration, à l’occasion des assises de l'Union Européenne, le 13 mars, à Bruxelles.

[3] - Texte présentée par la France et l'Allemagne à ces assises.

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