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21 mai 2008 3 21 /05 /mai /2008 17:17

La redéfinition du projet de l’UPM, par l’union Européenne (20 mai 2008) ou du moins l’identification de ses contours, l’inscrit dans la Realpolitik de l’Union Européenne et de ses équilibres fondateurs. Faut-il s’en étonner ? La matérialisation du rêve méditerranéen subit les freinages de la pesanteur géopolitique européenne et doit nécessairement s’accommoder du référentiel différentiel des pays, des horizons qu’ils privilégient et des intérêts prioritaires qu’ils servent.

Est-ce à dire que la frontière Méditerranée, - fut-elle virtuelle ! - constitue la valeur obsessionnelle, de l’ère post-guerre froide,  depuis qu’on a détruit le mur de Berlin et mis à l’ordre du jour la priorité de l’élargissement de Europe ? Je ne le pense pas. La géographie et l’histoire définissant la politique étrangère de l’U.E., on ne saurait nier la volonté de la maison Europe de rechercher des marchés, au-delà de la Méditerranée et d’encourager la mise en oeuvre d’une politique de libre échange par ses partenaires du sud. Faut-il aussi perdre de vue son souci d’engager un dialogue suivi, se proposant de créer « une aire de paix et de prospérité partagée», telle que l’atteste l’idealtypus du processus de Barcelone.

L’élargissement du projet - il rassemblerait désormais 44 pays riverains de la Méditerranée et de l'Adriatique - , peut assurer, la réussite du processus. Il permettrait à l’Union Européenne de le doter d’importants financements communautaires, tout en sauvegardant sa direction paritaire Nord/Sud. Notons cependant que l’Union Européenne fait défection, en matière de financement. "Les projets régionaux ne peuvent être mis en oeuvre au détriment de nos budgets existants", a insisté la commissaire, souhaitant privilégier le recours à des fonds privés, des fonds d'Etats, membres ou non de l'Union, ou encore aux institutions financières internationales. Les partisans d’un plan Marshal européen, dans le cadre d’une solidarité communautaire ne peuvent qu’être déçus.

D’autre part, la formulation des projets phares de l’UPM, par l’U.E. : Autoroute du Maghreb, dépollution de la Méditerranée, développement de l'énergie solaire, coopération en matière de protection civile contre les catastrophes montre l’intérêt qu’elle porte au projet. Mais n’aurait-il pas fallu associer les pays sud-méditerranéens à la formulation des projets prioritaires. Notons d’autre part, que ces projets n’ont pas l’ambition de participer au traitement de la question préoccupante de l’emploi, à la fracture socio-économique méditerranéenne, à l’échange inégal et qu’ils occultent toute politique de co-développement. Fait aussi important, la velléité de remise en cause du siège dans un pays du Sud, par l’installation parallèle d’un "comité de direction", basé à Bruxelles, atteste une volonté de l’U.E. de sauvegarder sa prédominance dans les mécanismes de prise de décision et de gestion.

Ne faut-il pas prendre la mesure des enseignements de l’expérience de Barcelone, réhabiliter les acteurs du Sud, faire valoir les normes d’une collégialité réelle, pour assurer les conditions de réussite du compromis fondateur de l’Union pour la Méditerranée. Ne serait-il pas plus conforme à l’esprit de ce partenariat nouveau, de présenter les vues de l’U. E. comme des propositions et non des décisions et peut-être de contribuer a faire de cette «union de projets, un projet d’union».

 

Professeur Khalifa Chater


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