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10 septembre 2006 7 10 /09 /septembre /2006 14:35

Déjà cinq ans … Les événements du 11 septembre 2001, ultime comportement de dérive de la pensée, comble  de l’absurde, négation de l’humain …  La réalité sauvage et tragique dépasse la fiction, nie toutes les valeurs de la civilisation et de l’universalisme et ouvre  la boite de Pandore pour libérer tous les démons, que la promotion de l’Homme a pu vaincre et mettre hors d’état de nuire. Il faut prendre la mesure de la gravité de l’événement, réaliser les traumatismes provoqués par cet « acte gratuit » selon l’expression sartrienne, puisque rien ne le justifie. Faut-il mettre sur le compte des profits et pertes d’une comptabilité macabre aberrante, extravagante et insensée ces morts d’hommes innocents….

L’exploitation politique du drame s’inscrit dans ce même registre de fuite en avant, de la recherche d’un bouc émissaire - pour quoi dans l’aire de l’Islam ! -  permettant de surcroît de combler le vide laissé par la disparition de l’ennemi soviétique. Faisant valoir le contentieux  de la guerre précédente,  les enjeux de l’aire du pétrole et la consolidation de l’alliance organique, l’Establishment américain choisit l’Irak comme « victime expiatoire » - nous adoptons ici l’expression de Franck Daninos, concluant son étude sur la double défaite du renseignement américain (Paris, Ellipses, 2006). Saddam Hussein n’était certes pas un Saint, encore moins un démocrate ou un adepte des Droits de l’Homme. Mais le discours « légitimant »  la guerre contre son régime faisant valoir son alliance avec el-Kaïda, sinon son appartenance à sa mouvance et sa possession d’armes de dissuasion massive n’étaient guères fondés. Ce subterfuge destiné à l’inscrire comme acteur du terrorisme intégriste, alors qu’il dirigeait un régime totalitaire certes mais laïc, fut d’ailleurs remis en cause par  un rapport rendu public, vendredi 8 septembre 2006, par la Commission du renseignement du Sénat américain. Bel exemple du respect des normes de valeur, de l’éthique et de l’objectivité, le rapport  bat en brèche les justifications fournies par le président George W. Bush pour lancer la guerre en Irak, en mars 2003.

L’ampleur du désastre de l’intervention américaine en Irak, la désintégration de l’Etat, l’institution de l’alternative ethnique, la mise à l’ordre du jour de la guerre civile, entretenant les conflits confessionnels, et surtout et avant tout le développement du terrorisme, profitant du climat de la résistance au pouvoir d’occupation. En Irak, on tire sur tout ce qui bouge ou presque. Les élections qui ont eu lieu et furent célébrées comme des victoires, relèvent plutôt de la gestion démocratique formelle, dans la mesure où elles n’assuraient pas une libre reprise de l’initiative et ne réalisaient guère un compromis sinon un consensus national. La remise en cause du drapeau national par l’entité kurde annoncerait un démembrement programmé, susceptible d’être mis en application, sous d’autres cieux dans le nouveau Moyen-Orient.

Les guerres préventives hier contre l’Irak et demain peut-être contre l’Iran, ont comme objectif évident de consolider l’ordre hégémonique unipolaire. L’invasion israélienne du Liban et la poursuite de la « pacification » coloniale, en Palestine, remettent aux calendes tout projet de règlement du conflit.  Tout cela n’est pas de nature à calmer le jeu, à normaliser les relations, pour mettre en échec les partisans de « la guerre de civilisations » des deux bords, vaincre les « utopies meurtrières » et remettre les pendules à l’heure.

L’assainissement de la situation, qui implique nécessairement le règlement du différend fondateur de la crise moyen-orientale, au profit de peuples épris de la paix, la restauration de la souveraineté irakienne et   l’établissement des relations harmonieuses entre tous les acteurs de la scène permettraient de dégager le monde des scories des ères des ténèbres, les siècles de l’esclavage, de la colonisation et de l’unilatéralisme. Cela permettrait de dissiper les malentendus, de libérer l’homme de l’emprise des rancoeurs, des ressentiments et de l’insécurité, de faire valoir la culture de la paix, de la coopération et de la coexistence participative des citoyens de notre aire - monde.  Ne faut-il pas refaire vivre et assumer le discours onusien, hélas transgressé et désormais condamné à l’oubli ! 

 La commémoration du 11 septembre mais aussi des grandes journées tragiques de cette ère post-guerre froide, sur toutes les scènes où il y a eu morts de civils, sans exclusive aucune - et je n’oublierais pas la boucherie de Kana - nous délivre une leçon de sagesse. Est-on en mesure d’être à son écoute ? 

                                                                                       Khalifa Chater

 

 

Tunis, 11 septembre 2006

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