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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 13:38

“Nous croyons que la Chine peut être un partenaire mais nous envoyons aussi un signal clair : les Etats-Unis sont une puissance du Pacifique ; nous allons être présents dans cette zone” (Obama, 3e débat, 22 octobre 2012).

Tout en confirmant son approche et évoqué une continuité d'évidence, le Président Obama a redéfini ou plutôt réactualisé les nouveaux enjeux  politique des USA. Depuis notre départ d'Irak, dit-il, nous pensons au Pacifique. Principal théâtre des opérations américaines, le Moyen Orient est désormais relativisé. Le Président Obama a mis à l'ordre du jour, lors de son premier mandat, le dégagement progressif de l'Irak et de l'Afghanistan. Il a dû prendre acte de son incapacité à imposer à l'allié israélien, le processus de la paix.  A l'écoute de l'évolution, il a anticipé les effets du printemps arabe, en faveur du nouveau rôle qu'il compte jouer. Mais les observateurs n'avaient ont-ils saisi ces faits d'annonce d'une redéfinition des perspectives prioritaires des Etats-Unis.

Pacifique et mer de Chine, un théâtre d'opérations prioritaire ? Le Pacifique est désormais présenté comme une priorité de la doctrine de défense américaine. Elle ne changera pas avec Barak Obama et ses successeurs. La menace chinoise perçue à travers sa concurrence commerciale a été  l'un des thèmes centraux que chaque candidat a développé pour flatter un électorat hanté par le déclin de l'industrie américaine. La Chine, a été, une sorte de "punching-ball" (sac de frappe, pour l'entraînement à la boxe) de la campagne américaine (Cyrille Louis, Le Figaro, 24 octobre 2012). Partageant les vues européennes, les Américains affirment volontiers que la Chine est responsable des délocalisations des entreprises, de  la concurrence déloyale et de la crise des industries occidentales. D'autre part, le pouvoir américain constate avec inquiétude que la Chine a élargi ses "intérêts vitaux". Outre son soutien à la Corée du Nord, son souci de récupérer Taïwan, elle veut faire valoir sa domination de la mer de Chine. Ce qui suscite des tensions avec ses voisins et l'hyperpuissance, leur alliée.

Est-ce que "l'épicentre du prochain tremblement de terre est dans le Pacifique ?". Alain Frachon et Daniel Vernet estiment, en conclusion de leur essai, que "la montée des extrêmes n'est pas une fatalité, mais elle ne peut être exclue"  (La Chine contre l'Amérique, le duel du siècle, Paris, Grasset, 2012, p. 245). Fait d'évidence, l'analyse des comportements des Etats et la perception de leurs priorités se réfèrent à une grille de valeurs en mutations. Elles remettent  en cause les positionnements recommandées par les théoriciens de la dissuasion militaire, sous l'effet de leur "self fulfilling prophecy" (l'auto-perception de leur prévision), en relation avec les fantasmes populaires. Nous devons plutôt  réviser les logiques de la guerre froide et les affrontements politiques qu'elles mettent en œuvre. L'interdépendance économique, dans l'Etat-monde post-idéologique, fera valoir de nouvelles logiques de coexistence, de concurrence et de compétitions. Dans l'état actuel de leurs relations, tout affrontement commercial d'envergure entre les USA et la Chine  risquerait  d'engager "leur destruction économique mutuellement assurée", selon le diagnostic du pire, explicité par Alain Frachon et Daniel Vernet. Ne dramatisons pas les effets conflictuels du "jeu à deux", le face à face sino-américain, que vont se livrer ces alliés objectifs, dans le Pacifique.  Pour les USA, la nouvelle donne relativise le marché européen et le théâtre d'opération moyen-oriental.

Des relations de normalisation avec l'aire arabe : L'intérêt des Etats-Unis pour le pétrole du Moyen Orient est évident. Il explique leur jeu de rôle essentiel dans cette aire. «Tempête du désert » (1991) devait libérer le Koweït et rétablir, en conséquence, la sécurité des flux pétroliers vers le marché mondial. «Liberté pour l’Irak » (2003), avait pour objectif la chute d'un chef d'Etat  ennemi et déterminant dans un pays grand producteur de pétrole, tout en engageant une transformation politique régionale. Rejetant les nuances de Pierre Noël, nous estimons, qu'il  s'agissait, dans les deux cas de "guerres pour le pétrole". Est-ce à dire, que le changement de théâtre d'opérations prioritaires s'explique par une relativisation des enjeux pétroliers ou l'annonce de l'avènement de l'ère de l'après-pétrole ? Nous ne le pensons pas. La réduction de la dépendance américaine par rapport au pétrole du Golfe  contribue certes à ce changement d'attitude. Mais les USA  restent soucieux de «sanctuariser» militairement le cœur du système pétrolier mondial" (Pierre Noël in http://www.ifri.org).

Ni désengagement, ni désintérêt pour l'enjeu pétrolier, mais simplement une révision de priorités, en relation avec le changement des rapports de forces au Pacifique et au développement économique dans cette aire, confortée par les craintes de l'opinion américaine des effets qu'elle estime désastreux de la concurrence chinoise. D'autre part, la nouvelle conjoncture arabe et la réhabilitation citoyenne ne peuvent s'accommoder du jeu de la diplomatie américaine, en faveur du programme de remodelage du Moyen Orient, engagé par le Président Bush junior et qui ne semble pas abandonné. D'ailleurs, le Président Obama a anticipé ce changement, par l'annonce d'une réconciliation  avec le monde musulman (discours du Caire). Les échecs de ses initiatives en faveur des négociations israélo-palestiniennes ont marginalisé ses ambitions d'homme de paix. Quête d'alternative et porte de sortie de la politique d'interventions musclée, le soutien enthousiaste du pouvoir américain  pour le printemps arabe et la recherche d'alliances privilégiées avec les nouveaux acteurs devaient ouvrir de nouvelles perspectives. La recherche d'un "nouveau compromis" avec les acteurs de la région est annoncée. Correspond-elle  aux initiatives actuelles  du Qatar, que le pouvoir américain semble encourager, admettre, ou tolérer : appui ciblé à  des courants choisis, en Syrie, nouvelle approche de Hamas et éventuellement recherche d'un  accord avec l'Iran, acceptant l'état de fait ? Mais les visions globales spécifiques induites par les discours fondateurs, les repositionnements de la conjoncture et les positions différentielles vis-à-vis du processus de la paix, du nucléaire iranien et autres questions d'actualité, ne peuvent occulter les malentendus, sinon les affrontements idéologiques. De ce point de vue, l'arrivée de nouveaux acteurs dans l'aire arabe ne pouvait changer fondamentalement l'équation stratégique. Les Etats Unis restent bien entendu, à l'écoute des mutations du Moyen-Orient et de l'évolution  des prises positions régionales et internationales. Relativisation du Moyen Orient, dans la redéfinition des enjeux certes, mais l'hyperpuissance ne peut occulter cette zone énergétique vitale. Elle restera attentive aux risques d'instabilité et d'insécurité, dans le cadre de sa solidarité avec ses alliés traditionnels de la région et sa crainte des dérives terroristes.

( in l'Economiste  magrébin du 14 novembre 2012)

 

 

chaterkhalifa@topnet.tn

 

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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 13:00

Vidéo sur le site d'ARTE :

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 16:16

  Pour tout commentaire, je vous convie à lire cet extrait du poète Aboul Qacem Chabbi. Le poète rebelle Chabbi (Tozeur 1909-Tunis, 1934) , incarne avec le alim révolutionnaire Tahar Haddad (El-Hamma, 1899 -  Tunis, 1935), selon mon approche, la  ‘‘modernité critique’’, l’audace créatrice, la promotion citoyenne.   

La volonté de vivre


‘‘Lorsqu’un jour le peuple veut vivre,

Force est pour le destin de répondre,

Force est pour les ténèbres de se dissiper,

Force est pour les chaînes de se briser’’

"qui n'aime point escalader les monts,
"traine à jamais dans les crevasses".

 

(La volonté de vivre, 1933)

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 08:54

L'inattendu, l'improbable s'est produit...Avec l'élection de Barak Obama, l'Amérique  a marqué sa volonté d'ouvrir une nouvelle ère :


 1-Les huit ans de la présidence de Bush relèvent désormais de l'histoire. Elle gardera, en mémoire, les effets de l'unilatérisme, de la guerre préventive, fut-elle non justifiée ! L'élection d'Obama permettra de réconcilier l'Amérique avec le monde. Je dirais plutôt qu'elle réconcilie l'Amérique avec elle-même, avec son opinion publique, avec ses principes fondateurs.


2- L'élection d'un afro-américain consacre, la vision "arc en ciel", une reformulation plus appropriée que le melting-pot, pour exprimer cette volonté de participation communautaire effective. De ce pont de vue, le discours s'est inscrit dans la réalité. Il aura son impact et ses effets d'entraînement en Amérique et ailleurs. Dans l’Amérique désormais post-raciale, il incarne le nouveau rêve américain.


3 - Elu dans une difficile conjoncture, le Président Obama doit faire face :

   - à la crise financière et son impact social,

   - à la remise en question de la politique extérieure des USA et de ses engagements militaires,

 - à l'amélioration de l'image des Etats-Unis, en relation avec son statut d'hyperpuissance.

 

Consacrant l'échec de la droite conservatrice, la victoire d’Obama est en mesure d'assurer la promotion des Etats-Unis. Mais est-ce  que cette volonté de changement sera en mesure de réussir sa mise à l'épreuve face à la pesanteur  de la politique, de la réalité des intérêts internationaux, des alliances traditionnelles et des préférences géopolitiques  ?

Désormais tout le monde  regarde  la nouvelle Amérique.  Tout le  monde  s'érige en témoin  de ce nouvel espoir. Sera-t-elle en mesure de faire face à ce grand défi ?



Professeur Khalifa Chater
Site : http://chaterkhalifa.info
Email : chaterk@hotmail.com
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9 février 2008 6 09 /02 /février /2008 13:49

La commission Winograd, du nom du juge qui a présidé cette instance, vient de rendre public, le 30 janvier, son rapport sur la conduite de la guerre du Liban,  par le gouvernement Olmert. Elle estime que l’Etat d’Israël a perdu la deuxième guerre du Liban, ce conflit de 34 jours qu’il a engagé contre le Hezbollah, du 12 juillet au 14 août 2006. Fait important, elle signale que c'est la première fois depuis bientôt soixante ans d'existence que l'Etat juif est vaincu dans un conflit. «Non seulement les deux soldats enlevés par le Hezbollah le 12 juillet - attaque qui fut à l'origine du conflit - n'ont pas pu être récupérés, mais le Hezbollah a, jusqu'au dernier jour, continué de tirer des roquettes sur le nord d'Israël. Il aura fallu une résolution de l'ONU acceptée par les belligérants pour mettre fin aux combats après une offensive de la dernière heure de Tsahal qui s'est soldée par un fiasco».

Bien entendu, la commission s’est intéressé «aux ratés et défaillances», qui ont conduit à la défaite plus qu’à l’initiative militaire elle-même, qui constitue une agression caractérisée. Elle passe sous silence, dans une vision nationaliste partisane, les crimes de guerre  et les violations par l'armée israélienne des lois humanitaires internationales. Elle oublie particulièrement l'utilisation, lors des derniers jours de combats, des bombes à sous-munitions qui ont fait quarante morts. 1200 Libanais et 163 Israéliens, faut-il mettre sur le comptes des pertes et profits, ce  nombre de morts, du fait d’une décision arbitraire ?

L’histoire immédiate au Maghreb, en Indochine et en Afrique du Sud atteste que les régimes coloniaux sont, en fin de compte, condamnés à la défaite. Par contre Israël peut  réussir sa bataille pour la paix, pour se réconcilier avec son aire et normaliser ses relations avec ses voisins. En dépit de l’indulgence qui ne peut être conjoncturelle que lui accorde ses alliés, elle doit réaliser qu’il est dangereux  de fermer l’horizon, et d’agir en hors jeu sur le terrain international.  

Professeur Khalifa Chater

chaterkhalifa@topnet.tn

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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 19:15

  Les propos du  chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner (émission le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI,  16 septembre), ont suscité l’inquiétude de la communauté internationale. "Il faut se préparer au pire", a dit Bernard Kouchner. Interrogé pour savoir ce que cela signifiait, il a répondu : "c'est la guerre". Est-ce à dire qu’il s’associe à l’escalade, préparant l’opinion internationale à une guerre contre l’Iran ? Nous ne le pensons pas. Les correctifs que le ministre français lui-même a dû introduire, devant le tollé que ses propos ont suscité, le démenti du ministre de la Défense, Hervé Morin, qui a réfuté le 19 septembre, l'idée que la France se préparait militairement à l'éventualité d'un conflit avec l'Iran, ont permis de nuancer la position française. Et, d’ailleurs, le recours à la guerre, par décision unilatérale, c’est-à-dire  sans le feu vert de l’ONU, à l’instar de l’invasion de l’Irak, déligitimerait l’initiative et discréditerait l’appareil onusien.

D’autre part, un durcissement de la position française, sur la question moyen-orientale, annonçant une ébauche d’un nouvel axe Washington-Londres-Paris impliquerait une révision générale de la politique étrangère française, redessinant la carte des alliances, qu’elle voudrait conforter par  son ambitieux projet d’Union Méditerranéenne. Or, nous avons expliqué, dans un texte précédent, que la France de toujours restera fidéle à ses valeurs fondateurs, c’est-à-dire aux impératifs de sa géographie et de son histoire. Des adaptations de peu d’envergure sont certes possibles, pour nuancer le discours, faire des re-èquilibrages, s’adapter aux contextes, tenir compte des humeurs du moment, mais point de rupture avec son itinéraire, marqué au cours de l’histoire immédiate par son refus de s’associer à la guerre d’Irak. 

La sagesse et la lucidité des nations devaient mettre en échec tous les va-en guerre. Les plaies de la dérive d’Irak restent ouvertes et pour longtemps. Ne serait-il pas plus pertinent, plus ambiteux et plus juste de reposer la question du nucléaire iranien, dans le cadre d’une dénuclérisation générale de l’aire moyen-orientale ?

Khalifa Chater

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10 septembre 2006 7 10 /09 /septembre /2006 14:35

Déjà cinq ans … Les événements du 11 septembre 2001, ultime comportement de dérive de la pensée, comble  de l’absurde, négation de l’humain …  La réalité sauvage et tragique dépasse la fiction, nie toutes les valeurs de la civilisation et de l’universalisme et ouvre  la boite de Pandore pour libérer tous les démons, que la promotion de l’Homme a pu vaincre et mettre hors d’état de nuire. Il faut prendre la mesure de la gravité de l’événement, réaliser les traumatismes provoqués par cet « acte gratuit » selon l’expression sartrienne, puisque rien ne le justifie. Faut-il mettre sur le compte des profits et pertes d’une comptabilité macabre aberrante, extravagante et insensée ces morts d’hommes innocents….

L’exploitation politique du drame s’inscrit dans ce même registre de fuite en avant, de la recherche d’un bouc émissaire - pour quoi dans l’aire de l’Islam ! -  permettant de surcroît de combler le vide laissé par la disparition de l’ennemi soviétique. Faisant valoir le contentieux  de la guerre précédente,  les enjeux de l’aire du pétrole et la consolidation de l’alliance organique, l’Establishment américain choisit l’Irak comme « victime expiatoire » - nous adoptons ici l’expression de Franck Daninos, concluant son étude sur la double défaite du renseignement américain (Paris, Ellipses, 2006). Saddam Hussein n’était certes pas un Saint, encore moins un démocrate ou un adepte des Droits de l’Homme. Mais le discours « légitimant »  la guerre contre son régime faisant valoir son alliance avec el-Kaïda, sinon son appartenance à sa mouvance et sa possession d’armes de dissuasion massive n’étaient guères fondés. Ce subterfuge destiné à l’inscrire comme acteur du terrorisme intégriste, alors qu’il dirigeait un régime totalitaire certes mais laïc, fut d’ailleurs remis en cause par  un rapport rendu public, vendredi 8 septembre 2006, par la Commission du renseignement du Sénat américain. Bel exemple du respect des normes de valeur, de l’éthique et de l’objectivité, le rapport  bat en brèche les justifications fournies par le président George W. Bush pour lancer la guerre en Irak, en mars 2003.

L’ampleur du désastre de l’intervention américaine en Irak, la désintégration de l’Etat, l’institution de l’alternative ethnique, la mise à l’ordre du jour de la guerre civile, entretenant les conflits confessionnels, et surtout et avant tout le développement du terrorisme, profitant du climat de la résistance au pouvoir d’occupation. En Irak, on tire sur tout ce qui bouge ou presque. Les élections qui ont eu lieu et furent célébrées comme des victoires, relèvent plutôt de la gestion démocratique formelle, dans la mesure où elles n’assuraient pas une libre reprise de l’initiative et ne réalisaient guère un compromis sinon un consensus national. La remise en cause du drapeau national par l’entité kurde annoncerait un démembrement programmé, susceptible d’être mis en application, sous d’autres cieux dans le nouveau Moyen-Orient.

Les guerres préventives hier contre l’Irak et demain peut-être contre l’Iran, ont comme objectif évident de consolider l’ordre hégémonique unipolaire. L’invasion israélienne du Liban et la poursuite de la « pacification » coloniale, en Palestine, remettent aux calendes tout projet de règlement du conflit.  Tout cela n’est pas de nature à calmer le jeu, à normaliser les relations, pour mettre en échec les partisans de « la guerre de civilisations » des deux bords, vaincre les « utopies meurtrières » et remettre les pendules à l’heure.

L’assainissement de la situation, qui implique nécessairement le règlement du différend fondateur de la crise moyen-orientale, au profit de peuples épris de la paix, la restauration de la souveraineté irakienne et   l’établissement des relations harmonieuses entre tous les acteurs de la scène permettraient de dégager le monde des scories des ères des ténèbres, les siècles de l’esclavage, de la colonisation et de l’unilatéralisme. Cela permettrait de dissiper les malentendus, de libérer l’homme de l’emprise des rancoeurs, des ressentiments et de l’insécurité, de faire valoir la culture de la paix, de la coopération et de la coexistence participative des citoyens de notre aire - monde.  Ne faut-il pas refaire vivre et assumer le discours onusien, hélas transgressé et désormais condamné à l’oubli ! 

 La commémoration du 11 septembre mais aussi des grandes journées tragiques de cette ère post-guerre froide, sur toutes les scènes où il y a eu morts de civils, sans exclusive aucune - et je n’oublierais pas la boucherie de Kana - nous délivre une leçon de sagesse. Est-on en mesure d’être à son écoute ? 

                                                                                       Khalifa Chater

 

 

Tunis, 11 septembre 2006

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15 juillet 2006 6 15 /07 /juillet /2006 19:20

Le Moyen-Orient vit, ce que nous avons appelé, "l’âge des extrêmes" (notre analyse, « le processus de paix israélo-palestinien, la nouvelle donne ! » in agoravox du 30 janvier 2006).  Ce qui se déroule actuellement s’inscrit dans la logique de l’évolution de la crise, en relation avec les nouveaux rapports de forces, établis par l’ère monopolaire et consolidés par la guerre contre l’Irak et la restructuration des alliances qui s’en suivit. Le scénario mis en exécution laissait carte blanche à l’allié israélien, aux dépens de tous les autres acteurs sur le terrain. Alliés ou adversaires peu importe, « l’alliance exclusive » faisait valoir ses options fondatrices. On s’accommode de cet « état des choses », à savoir le non-traitemant de la question palestinien, la poursuite de l’occupation coloniale et la mise en échec de la normalisation des relations entre les différents « partenaires» d’un nouveau Moyen-Orient pacifique, assurant la prospérité et le bien être de ses populations.

Le contexte de ressentiment, de colère et de maturation/pourrissement politique ne pouvait que favoriser cette montée des périls. L’occupation, «une agression permanente » re-actualise la résistance et favorise sa radicalisation, par les nouveaux acteurs que l’évolution privilégia. Elle crée le « pretexte », au pouvoir israélien, pour agresser, en toute impunité Gaza puis le Liban, détruire leurs infrastructures, bombarder leurs populations civiles, établissant un blocus illégal et arbitraire.

La nouvelle donne - qui redéfinit aux yeux des observateurs et des victimes, l’agresseur et ses cercles d’alliances, ceux qui s’alignent sur ses positions ou se taisent, en attendant qu’il termine sa besogne machiavélique, est instructive à bien des égards. Elle atteste, s’il en est encore besoin, que la diplomatie internationale, use et abuse des principes qu’elle évoque, pour faire valoir les intérêts bien compris, en relation avec les rapports de forces sur le terrain. Que dire dans cette situation, où le Conseil de Sécurité ne peut ordonner un cessez - le - feu ? Seul  le silence est grand … !

 

 

 

Professeur Khalifa Chater

 

Tunis, le 16 juillet 2006

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7 juillet 2006 5 07 /07 /juillet /2006 18:43

Les événements de Gaza jettent le masque et permettent de dégager la bonne graine de l’ivraie, dans le discours et la praxis… On parle de droits de l’Homme. Mais les actes font valoir leur négation. Dans ce Moyen-Orient, objet des discours éloquents sur la nécessaire bonne gouvernance, on laisse « l’alliée du monde libre », consolider son occupation, exercer un terrorisme d’Etat, pour détruire les infrastructures.  Faut-il commenter l’arrestation des ministres et des députés palestiniens, par ce redéploiement des forces, dans les terres re-occupées ? La tolérance de cette pratique montrerait que l’Establishment international considère le processus électoral, comme un simple alibi, dans des argumentaires politiques conjoncturels.

Fallait-il, d’autre part, par cette politique - maladroite du point de vue des partisans de la paix mais pertinente du point de vue des expansionnistes - pousser le Hamas, dans ses derniers retranchements, en vue d’auréoler, par une politique d’escalade, ses dirigeants, consolider ses assises populaires et parvenir ainsi à ajourner machiavéliquement Sine Die la libération de la Palestine ? L’histoire nous a appris, qu’en fin de parcours, tous les expansionnistes ont échoué, tels les partisans de l’élargissement de « l’espace vital », en Europe. Maigre consolation, dans cette histoire néo-coloniale, où l’on enregistre, chaque jour, morts d’hommes.

Unique scénario, pour une sortie de crise et mettre fin aux actes de résistance et à certains aléas de la conjoncture, - tel le sort de ce soldat capturé dans ce climat de ressentiment, de désespoir, de fermeture de l’horizon et du verrouillage concentrationnaire -, le retour à la table des négociation et la délégitimation de l’occupation. Ainsi avait-on appris, dans les livres d’histoire de l’indépendance américaine, de la résistance gaullienne et du processus de décolonisation du monde.

Professeur Khalifa Chater

Vice-Président de l’AEI




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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 17:47

« Entre Washington et Téhéran, la poste fonctionne ». Ainsi saluait, le 1er juin dernier, Alain Campiotti, rédacteur au journal suisse, Le Temps, l’envoi, le 8 mai, par Mahmoud Ahmadinejad, le Président de la République iranienne d’une lettre de 18 pages au Président américain,  George Bush. Après une déclaration immédiate de non-réponse du destinataire à son protagoniste, « le courrier est parti dans l’autre sens », Condoleezza Rice, la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères américaine, ayant annoncé, le 31 mai, que les Etats-Unis sont désormais prêts à se joindre aux négociations entre les Européens et l’Iran, transgressant ainsi la décision américaine de ne point négocier directement avec la République islamique. Faut-il accorder de l’importance aux postulats conditionnels mis en avant par l’Iran et les Etats-Unis. Pour ménager leurs opinions publiques, expliquer une révision de politique de cette envergure, les acteurs ne peuvent occulter facilement les référentiels de leurs contentieux et leurs culpabilisations réciproques. Certes, l’Iran et les USA assortissent l’ouverture de leurs dialogues de conditions Sine Qua None, relatives à la suspension des activités d'enrichissement d'uranium, tout en rejetant toutes conditions préalables. « Le virage » est, en effet,  difficile à prendre. Mais, les deux partenaires en se plaçent déjà dans une position de négociation.

Il faudrait donc prendre la juste mesure de l’événement. Depuis l’accès au pouvoir de Khomeini et la prise comme otage des membres de l’ambassade américaine à Téhéran, qui s’en suivit, il y a déjà vingt cinq ans, les relations américano-iraniennes étaient conflictuelles. C’est le moins qu’on puisse dire. Les deux Etats se diabolisaient avec véhémence. L’élection du Président Khatimi a été une éclaircie de courte durée, sans effet notable sur le cours des événements. La marge de manœuvre d’un réformateur modéré - modéré dans sa politique, mais fait plus important modéré dans conception des réformes - ne pouvait que susciter des malentendus et alimenter des surenchères, puisque le président de la République iranienne est soumis à l’autorité du Guide suprême,  responsable de la supervision des "politiques générales de la République islamique d'Iran". La nouvelle  conjoncture politique iranienne qui réalise désormais la symbiose entre le guide et le président, est plus à même d’assumer les choix, sans craindre des démentis, des critiques ou des mises en cause, à l’exception des partages diplomatiques de rôles que s’assignent, d’un commun accord, les acteurs.  Aux Etats-Unis, l’opinion publique ne pouvait que s’accommoder d’une modération de la stratégie américaine, révisant l’option guerrière, mise à rude épreuve par les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Une « paix des braves » ne pouvait que faire le bonheur de tous et en premiers lieux des peuples américains et iraniens.

Le fossé est cependant très grand entre les discours fondateurs des deux protagonistes et la lecture différentielle des questions d’actualités, au Moyen-Orient, dans le Golfe et les républiques asiatiques de l’ex-URSS. L’Iran conteste évidemment la politique américaine du « Grand Moyen Orient » et voit d’un mauvais oeil l’occupation de l’Irak et les effets de la diplomatie pétrolière. Pour les USA, son contentieux avec le régime iranien est désormais focalisé par la décision annoncée du Président Ahmadinejad d’entrer dans le concert des puissances nucléaires, ne fut-ce qu’en limitant les ambitions du pays à son usage civil et énergétique. Les Etats-Unis et les pays européens membres permanents du Conseil de Sécurité, rejoints par l’Allemagne s’opposent à  la politique nucléaire iranienne, estimant qu’elle constitue une menace. Mais des arguments objectifs militent pour une sortie de crise et peut être, pourquoi pas, un rapprochement des points de vue. L’Irak est un enjeu stratégique, pour les deux pays, à savoir les USA et l’Iran. Le problème du ravitaillement pétrolier,  ainsi que la définition d’un nouvel ordre, sinon la restructuration des alliances favoriserait la mise en œuvre d’une politique de coexistence sinon de coopération. Qui peut se permettre d’ignorer les importants acteurs sur le terrain, dans cette conjoncture de montée des périls !

Il faut donc concilier, pour conjurer les démons guerriers, prévenir de nouvelles tragédies humaines, les positions qui semblent, à priori, irréductibles. Est-ce que la mise sur pied d’une coopération, pour l’utilisation de l’énergie nucléaire par l’Iran, sous l’égide de l’ONU, par exemple, est en mesure de résoudre la question ? Quand au danger de la prolifération, ne peut-il as être  écarté par une « dénuclérisation de l’ensemble de l’aire moyen-orientale, mesure qui accréditerait l’Establishment onusien et les membres occidentaux du Conseil de Sécurité, en démentant, par les actes, la « politique de deux poids, deux mesures ». Une telle politique serait confortée par un traitement courageux de la question palestinienne, pour créer un climat d’apaisement général, au profit de tous.

L’amorce d’une reprise du dialogue, sinon d’une désescalade, nous incite à faire un rêve, pour construire le Moyen-Orient de la paix, de la lucidité et de l’entente. Nous ne sommes, certes, qu’au début d’un chemin, qui reste parsemé d’embûches. Mais si le rêve, en dépit de tout, pouvait se réaliser ! L’humanité retrouverait alors, par ce retour aux normes, son humanisme.

 

 

Professeur Khalifa Chater

Vice-Président de l’Association

 

 

des Etudes Internationales Tunis

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