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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 14:14

Notre propos a pour objectif d’investir l’humanisme - ce mouvement d’idées et cette conception du monde, liés historiquement à la Renaissance et inscrits dans son contexte spécifique - d’une signification universelle, qui prolongerait son usage, par une extension/réactualisation opératoire et l’érigerait en paradigme de solidarité et de bien être et en idealtype des temps nouveaux, en vue de contribuer à l’institution d’un ordre global, au service de l’Homme. Nous remarquerons, bien entendu, que l’humanisme n’est pas propre à une culture. Une lecture de l’histoire plurielle de l’humanité, permet d’identifier une praxie humaniste, fut-elle non nommée et non conceptualisée, à l’instar de l’œuvre des humanistes de la Renaissance.

Le vocable humaniste a été, certes, utilisé par différentes idéologies et courants de pensées intégrant dans leurs grilles de lectures, un ensemble de valeurs, de normes et des modèles, en relation avec leurs visions de monde, sinon leurs philosophies. Dans ce contexte de mondialisation, qui induit des transformations d’envergure : progrès, bouleversements, tensions et rupture, un humanisme nouveau, permettra de soumettre, à son éthique, l’ordre international politico-économique dominant, favorisé par cette mutation globale, de replacer l’Homme au centre du monde  et d’instituer comme postulats, les valeurs humaines  de solidarité, d’équité et de justice, dans le cadre d’un universalisme transgressant les frontières et les rapports de forces.

Le nouveau contexte : Un humanisme nouveau nous permettra de faire face aux défis de cette conjoncture de rupture, favorisé par l’émergence de facteurs similaires mais de plus grande envergure, par rapport à la Renaissance : une extension de l’espace, une plus large ouverture de l’horizon, l’émergence d’un nouvel outil de communication (l’imprimerie au XVIe siècle et Internet aujourd’hui), une mise à l’ordre du jour de la dialectique identité/altérité. Fin des idéologies, remise en cause du tiers-mondisme, les rapports de forces se ressaisissent et font valoir une éthique de soumission, de résignation, dans le cadre d’un monde- jungle. Comment concilier le nouvel ordre hégémonique et les impératifs de justice internationale, de développement, de solidarité ou tout simplement de tolérance ? Jadis, on a tenté de justifier et de légitimer l’expansion coloniale, par une volonté civilisationnelle. Détruire et exploiter pour « civiliser », le discours humaniste au service d’une déshumanisation ! De nos jours, la « guerre préventive» et la « montée des périls » qui s’en suivit, ont ouvert « la boite de Pandore » et favorisé l’extension d’un terrorisme sauvage et de grande envergure. La conjoncture de guerre a sous-dimensionné les graves  menaces  qui mettent en péril l’espèce humaine, les effets de serre et du réchauffement de la planète, les préoccupations environnementales, les défis de la découverte sinon du « secret de la vie », du moins du « secret de la reproduction » et du clonage.

Dépasser les formules d’un « prêt-à-porter » politique sinon intellectuel : Ne commettons pas les erreurs de ceux qui ont cru pouvoir et devoir rédiger des vulgates définissant des programmes, des modèles et des valeurs. Voulant servir l’humanisme, ils ont créé des terrains de discorde, par les schémas d’interprétation exclusifs qu’ils ont établis d’autorité. L’ère des idéologies meurtrières a marqué, de son empreinte, notre passé immédiat. Sachons dépasser les formules d’un « prêt-à-porter » politique sinon intellectuel, qui nécessairement divise. Ne créons pas « un politiquement correct », alternatif.

Dans ce même ordre d’idées, nous remettons en cause et le discours de « la fin de l’histoire » et du « choc des civilisations » qui l’a relayé. La fin du communisme et la victoire du libéralisme économique et non de l’esprit libéral, définissent historiquement la conjoncture que nous vivons. Mais n’anticipons pas, étant donné « les incertitudes », que l’analyse prospective ne peut encore déceler. Processus d’évolution, dynamique de mutations, et bien entendu production d’événements, l’histoire ne saurait avoir une fin. Elle atteste la liberté de l’homme, ses capacités à intervenir sur les scènes de l’actualité. Par contre, le « choc des civilisations », une re-actualisation de la loi de la jungle consacrerait, bel et bien,  la fin de l’humanisme,  par l’entremise de l’institution d’une nouvelle guerre froide et le choix de nouveaux adversaires. 

Quel humanisme nouveau ? L’humanisme nouveau, que nous appellerons de nos vœux, doit remettre à l’ordre du jour, le débat, la libre réflexion, pour dégager des compromis, au service d’une meilleure connaissance du monde, d’une re-actualisation des principes de sa construction en tant qu’espace de coopération et de « prospérité partagée ». Il devrait nécessairement conjuguer les différents acquis : idealtypus onusien, tiers-mondisme re-actualisé, humanisme environnemental, alter-mondialisme etc., pour construire un humanisme global, corrigeant les dérives, définissant les priorités et ouvrant les horizons de promotion. Cette «conscience du monde », mettrait à l’épreuve les discours et les fausses prêches, jugerait par les actes, la prise en compte des règles de la bonne gouvernance internationale et favoriserait l’émergence d’un observatoire d’« éveil éthique », dont l’humanité a grandement besoin. Ce qui permettrait de  consolider les efforts de tous les hommes de bonne volonté, les institutions, les Etats et de tous ceux qui veulent redresser la barre, au profit du progrès de la civilisation, de la culture de la paix et de la justice sociale.

Conclusion : Je voudrais, rappeler en conclusion, ce qui, me semble-t-il, être des évidences :

1) L’humanisme devrait être fondé sur une nouvelle connaissance du monde. A cette fin, il faudrait prendre acte, par le « Réveil des substrats »,  à ce retour à l’exclusion, dans l’aire monde. Aussi faudrait-il démasquer, dans l’underground des discours,  les enjeux réels.

2) Tentative de répondre à son temps, l’humanisme doit participer à l’édification d’un monde meilleur et plus juste. Les relations asymétriques et les démonstrations des rapports de forces, créent, par les frustrations qu’elles développent, des conjonctures de conflits, de rivalités et confortent les attitudes de rejets réciproques, au sein d’une humanité pourtant riche par sa diversité et cohérente, par sa solidarité.

3) Marginalisés, ou réduits à être des mercenaires des pouvoirs hégémoniques, les intellectuels n’exercent plus les responsabilités qui définissent leurs attributs. Dans cette ère de la communication et des apparences, ils sont, en fait, relayés par les stars, les fameux « peoples », les hommes en vue. La défense d’un humanisme nouveau impliquerait la réhabilitation des intellectuels comme humanistes de notre temps.

En fait, le discours humaniste n’est-il pas à contretemps, dans un monde où « le poids de l’acteur » dépend de la puissance qu’il représente, des réserves énergétiques de son pays, de son appartenance ou non au club des pays nucléaires ! En dépit de ces évidences, le rôle des humanistes n’implique-t- il pas  le renversement de l’échelle des rapports de forces au profit d’une grille des valeurs de la solidarité humaine.

                      Khalifa Chater

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