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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 13:43

Fait d’évidence, sinon vérité de La Palice, l’Union du Maghreb arabe relève plutôt du discours que des actes. Une institution embryonnaire effective a été créée, d’un commun accord, pour incarner la volonté d’union. Elle parvient à maintenir les liens organiques. Mais la non tenue, depuis de nombreuses années,  du sommet qui détient les prérogatives essentielles, paralyse l’appareil et le contraint à limiter ses ambitions. Nous ne pouvons cependant parler d’une absence de concertations. Mais elles se réalisent, lorsque la conjoncture le permet, lors des Sommets arabes, africains et dans les instances internationales. Fut-elle considérée comme un choix stratégique, par les acteurs politiques, l’UMA est perçue par les opinions publiques comme une utopie, dont la réalisation est constamment différée par les divergences de la conjoncture, sinon l’incompatibilité des ambitions régionales.  Nous préférons parler de malentendus entre les acteurs, sinon de sautes d’humeur. Or, la concertation entre les dirigeants pouvait facilement rapprocher les points de vue, identifier des solutions ou des compromis, pour relativiser  les divergences, surévaluées et érigées en contentieux. Une solution maghrébine aurait, peut être, permis de traiter  le dossier saharien. L’a-t-on essayé ? Nous n’en sommes pas la, pour le moment. La nouvelle conjoncture, les péripéties du printemps arabe et les tempêtes qui l’accompagnent mettent à l’ordre du jour une pause conjoncturelle, qui n’exclut d’ailleurs pas le développement des relations bilatérales et la mise à l’épreuve de la maghrébinité,  illustrée par le traitement de l’émigration libyenne actuelle, en Tunisie et l’affirmation d’une solidarité fraternelle, transgressant les frontières.

Les effets de la nouvelle conjoncture : L’esquisse d’une nouvelle carte géopolitique dans l’aire arabe et au Maghreb constitue la nouvelle donne. Elle suscite naturellement des redéfinitions des enjeux et des repositionnements. La Tunisie, qui a anticipé le mouvement de libération démocratique est actuellement préoccupée par la reconstruction du nouveau régime, l’application institutionnelle du mouvement d’émancipation  populaire et la restauration de son économie. Prenons la juste mesure de ces nouvelles priorités. En Algérie et au Maroc, les Establishments, sollicités d’engager des réformes, ont privilégié les réponses politiques aux réactions sécuritaires des pays du Moyen-Orient. La aussi, la gestion interne prévaut actuellement. Elle explique la situation d’attente, sans toutes fois remettre en question l’attachement à l’UMA.

En Libye, on peut parler actuellement d’une situation d’enlisement et de blocage de l’horizon, en attendant la fin de la guerre et l’adoption d’un scénario de sortie de crise. La reconstruction de l’Etat et la redéfinition du nouveau régime constitueront des priorités absolues. Fait à ne pas exclure, l’UMA doit attendre son  choix d’alliance, entre le Maghreb et le Moyen-Orient, qui a longtemps perturbé son engagement dans les instances de l’Occident arabe.

L’intégration du Maroc au sein du Conseil du Golfe : Fait surprenant, les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe se sont déclarés, lors de leur récent sommet (Riyad 10 mai 2011), favorables à une adhésion de la Jordanie et du Maroc à leur groupement régional. L’annonce de l’intégration du Maroc, qui abrite le siège de l’UMA, au sein du Conseil du Golfe, suscita les inquiétudes des observateurs tunisiens et algériens, qui furent prompts à évoquer une défection susceptible de mettre fin à leur instance d’union. “ Va-t-elle sonner le glas de l’Union du Maghreb Arabe ? Un attachement qui, il faut bien le reconnaître, ne doit pas  peser bien lourd face aux perspectives  que cette adhésion peut ouvrir à un pays comme le Maroc en matière d’emploi et d’investissement s’interroge, Leaders, la revue électronique tunisienne (12 mai). Position plus affirmée du journal algérien al-Watan, qui mit en avant, au-delà du souci de sauvegarder l’UMA, les craintes d’une remise en cause de l’ordre arabe :

Nouveau défit pour la Ligue arabe et pour l'Union du Maghreb Arabe. Les limites géographiques sont effacées… Les lignes d’une nouvelle politique arabe se dessinent…Les pays du Golfe veulent prendre la locomotive du monde arabe ( al-Watan, 12 mai).

 

La déclaration du Maroc exprima son souci de calmer le jeu et de dissiper les craintes d’une sortie de l’UMA :

Le Royaume du Maroc a accueilli avec un grand intérêt l'invitation adressée par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), aux fins de son adhésion à ladite organisation…  A cette occasion, le Maroc tient à rappeler l'importance et la particularité des relations fraternelles qui le lient aux pays du Golfe Arabe et se félicite de la concertation profonde et de la solidarité agissante entretenues avec ces pays. Il  réitère, par ailleurs, son attachement naturel et irréversible à l'idéal maghrébin et à la construction de l'Union du Maghreb Arabe, choix stratégique fondamental de la nation marocaine” (Communiqué du ministère des Affaires Etrangères, Agence Maghreb Presse, 11 mai 2011).

Risque d’une entrée du Maghreb, dans la politique des axes arabes, le défi ne doit pas être sous-estimé. Les pays d’Afrique du Nord avaient tenu, jusqu’alors, à servir la cause arabe, à défendre la question palestinienne, en optant pour une politique de rapprochement, sans engagement déclaré dans les alliances géopolitiques du Moyen-Orient. La nouvelle conjoncture, l’onde de choc du printemps arabe et la recomposition de la carte géopolitique, incitent les acteurs maghrébins à mettre leurs pendules à l’heure, pour assumer le choix de la maghrébinité, revendication historique et actuelle prioritaire de leurs citoyens. La pause conjoncturelle de l’UMA doit permettre sa reconstruction et sa dynamisation.

Pr. Khalifa Chater

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commentaires

M
<br /> <br /> Instructif comme d'ahabitude. Bienvenue au "Maghreb des Peuples" Vs le "Maghreb des Dictateurs at autocrates" ! Question : La Nelle Tunisie pourrait-elle envisager en toute logique<br /> géo-politique et même légitimmement de bénéficier des faveurs de l'UE pour un processsus de pré-adhésion à l'instar des PECO et autres Etats méridiaonaux, notamment cette île de Chypre,<br /> mi-chrétienne mi-musulmane ?<br /> <br /> <br /> Notre développement économique semble tributaire de l'issue d'une pareille hupothèse.<br /> <br /> <br /> <br />
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